L’université Bordeaux Montaigne verra, à la rentrée 2016, l’ouverture de la Maison de la Recherche. Ce nouvel espace dédié, plus fonctionnel, répondant aux besoins des équipes et des services est la traduction d’une volonté politique que nous entendons poursuivre et renforcer : favoriser le développement d’une recherche de haut niveau scientifique en Sciences Humaines et Sociales, Arts, Lettres, Langues et lui accorder plus de visibilité. Cette volonté s’appuie sur des bases solides. Notre communauté scientifique est faite d’enseignants-chercheurs et de chercheurs dont le niveau scientifique, les compétences et les expertises sont reconnues.
Les structures collectives qui l’organisent (service de la recherche, école doctorale, équipes d’accueil, Unités Mixtes de Recherches, maisons de la recherche, Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine, Presses universitaires) contribuent très fortement à l’identité SHS, arts, lettres et langues de Bordeaux Montaigne. Notre université est aussi riche de savoirs en construction, de connaissances émergentes qui se manifestent de différentes manières : colloques, séminaires, journées d’étude, professeurs invités, doctorants, articles, réponses à des appels d’offre, etc.
À l’université, réfléchir aux modes d’exercice de la recherche revient notamment à s’interroger sur leurs liens avec les modalités d’exercice d’enseignement. Chaque enseignement dispensé du L1 au M2 se nourrit de nos recherches, de nos questionnements et de l’avancée de la réflexion d’une communauté de chercheurs sur des objets précis.
La question n’est pas vraiment de s’interroger sur les liens entre la formation et la recherche. Ces liens sont assurés par chacun de nous. Les questions qui se posent sont plutôt :
- Comment mener sereinement et efficacement une activité de recherche ?
- Quelle recherche dans un monde où les porteurs d’intérêts économiques deviennent de plus en plus des prescripteurs que l’on pense incontournables ?
- Comment vivre et bien vivre ce statut d’enseignant-chercheur ou d’enseignant faisant de la recherche ?
- Comment former les étudiants à la recherche, les engager vers des doctorats qui puissent les mener vers un avenir professionnel viable ?
Notre position d’universitaire apparaît de plus en plus menacée car elle est au point d’intersection de logiques parfois contradictoires qui génèrent des tensions.
Une tension extrêmement forte tout d’abord entre les dimensions individuelles et collectives de la recherche. La première, à partir de laquelle nous sommes évalués, est surtout propre aux SHS (même s’il existe des différences entre disciplines) puisque nous sommes finalement seuls pour lire, écrire et souvent pour penser. La dimension collective est celle de la pluridisciplinarité, des contrats et des financements, celle que l’on croit nécessaire à la visibilité de l’établissement. Dans cette même dimension, il nous revient de maintenir et de renforcer notre positionnement de qualité sur le site bordelais, en Aquitaine, au niveau national et international.
Une autre tension qui a surgi depuis quelques années est à relever. Celle qui oppose une recherche dominée par des logiques de compétition et de performance et une recherche qui a une autre temporalité, sans autre finalité que la compréhension du monde, une recherche réflexive, prospective et critique dotée des moyens d’explorer avec rigueur son objet de recherche.
Tensions encore entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée ; dans nos disciplines, comme l’illustre le cadre des appels à projets ANR ou Région, il nous faut imaginer et conduire des recherches ayant des retombées économiques et sociales sans rien renier de leurs objectifs scientifiques.
De ce diagnostic partagé nous faisons les propositions suivantes :
- Organiser, dès 2016, les assises de la recherche à l’UBM. Ce moment de réflexion collective et de dialogue permettra de dresser un état de la recherche à l’UBM, d’établir les usages de la maison de la recherche et de déterminer, avec la communauté des chercheurs, les choix, les orientations, et les modes de travail qui nous engagent collectivement. Il conviendrait de fixer un calendrier de rencontres régulières avec les équipes autour de leurs besoins, du budget, des réalisations et des projets.
- Faire évoluer la PSE (Politique scientifique de l’établissement). Les axes actuels recouvrent imparfaitement les thèmes sur lesquels travaillent les collègues. Il faut remplacer les axes actuels par des axes construits sur une typologie de projets :
a- contrepartie projets cofinancés avec d’autres partenaires
b- accompagnement projet émergeant
c- aide aux projets inter-équipes d’accueil
- Soutenir la recherche individuelle et le travail des EA/UMR (maintien des dotations, possibilité de transformer une partie de la dotation des équipes en heures consacrées au montage des projets, aides à la publication). Accompagnement des chercheurs pour répondre en anglais par la mise en service d’un bureau de traduction.
- Aider et accompagner les chercheurs vis-à-vis des appels d’offre : retours d’expériences partagées afin de gagner un temps précieux et de créer un réseau de chefs de projets plus « expérimentés » faisant bénéficier de leur expérience.
- Renforcer le rôle de l’École doctorale et développer la formation des étudiants à la recherche par des liens entre les M2 et les séminaires de l’école doctorale. Renforcer la préparation à l’insertion professionnelle des doctorants (rencontres avec entreprises culturelles, domaines de l’édition, réseau d’anciens, création de journées de rencontres…)
- Créer une revue en ligne « Paroles de chercheurs » ainsi qu’un répertoire des recherches afin de faire connaitre les équipes ou des objets de recherche, l’actualité de la recherche et des programmes en cours, les calendriers des appels à projet.
- Soutenir le développement et la diffusion des productions des presses universitaires (PUB, Ausonius éditions, MSHA éditions), les revues et l’édition numérique. Renforcer les partenariats éditoriaux entre les éditions ainsi que vers les autres universités de la région (co-éditions, mise en commun d’outils).
- Diffuser et faire rayonner la recherche élaborée à l’UBM depuis des lieux (maisons du Campus, librairies bordelaises, conférences dans les associations, TNBA, etc.) et des événements comme la Nuit des idées.
- Se positionner comme référent SHS en lien avec la MSHA sur le site Aquitaine