Le pôle bordelais d’enseignement et de recherche en Sciences Archéologiques constitue une exception à l’échelle de l’Europe, en raison de la diversité des disciplines et des savoir-faire particuliers qui y sont représentés.
En ce qui concerne la recherche, la structuration à l’échelle du site bordelais repose sur les collaborations entre deux UMR de UBM (IRAMAT-CRP2A et Ausonius) et une UMR d’UB (PACEA). En prenant en compte ces trois équipes, différentes spécialités, complémentaires et pour certaines uniques en France, sont représentées : préhistoriens, archéologues des âges des Métaux, de l’Antiquité, du Moyen Âge, anthropologues, spécialistes des archéomatériaux, de leur production et de leur chronologie (archéomètres), archéologues du bâti, des techniques, historiens… Cette diversité permet une synergie qui n’existe nulle part ailleurs en Europe. De fait, les projets de recherche transversaux entre les trois équipes sont en forte augmentation depuis quelques années, sous l’impulsion du programme « Investissement d’avenir » Labex des Sciences Archéologiques de Bordeaux (« L’usage du monde par les sociétés anciennes : processus et formes d’appropriation de l’espace sur le temps long » ; 2011-2019), et grâce au cadre donné par la Fédération des Sciences Archéologiques de Bordeaux (FR3383 à partir de 2011). Ainsi des spécialistes appartenant à plusieurs équipes de recherche du site bordelais ont-ils pu répondre conjointement à des appels à projet régionaux, nationaux et européens, et avec succès.
- L’existence du Labex a été fondamentale pour le développement des Sciences Archéologiques au niveau de l’UBM. La fin de ce dispositif doit être préparée, notamment par l’accompagnement au dépôt de projets de recherche en archéologie, qui draineront vers l’institution les financements nécessaires au maintien et à l’accroissement de l’activité.
- Les synergies qui se sont créées dans le cadre du Labex doivent être pérennisées, en renforçant et en valorisant le rôle structurant de la Fédération des Sciences Archéologiques de Bordeaux, entité la plus à même de faire vivre ces dynamiques.
Les collaborations entre les 3 partenaires sont moins développées en ce qui concerne les formations diplômantes. Cependant, un travail de réflexion important a été mené pour améliorer l’offre de formation et sa cohérence, en s’appuyant sur les atouts et les spécificités du site bordelais. Ainsi un rapprochement fort des formations rattachées aux deux UMR d’UBM est au cœur de la prochaine maquette. Les formations en sciences archéologiques seront ainsi beaucoup plus cohérentes dès la rentrée 2016, avec une continuité et une visibilité des cursus de la L1 au doctorat :
- un parcours « archéologie » dans la mention de licence « histoire de l’art et archéologie » à partir du L1S2 ;
- puis trois parcours archéologie/sciences archéologiques, au sein d’une même mention de master « archéologie, sciences pour l’archéologie », avec des passerelles et de nombreuses mutualisations entre les trois parcours ;
- une mention de doctorat « sciences archéologiques » dans l’Ecole Doctorale Montaigne-Humanités.
De plus, la nouvelle offre de formation voit une participation renforcée des collègues préhistoriens et spécialistes d’anthropologie biologique de PACEA (UB) dans les parcours de formation de sciences archéologiques d’UBM, et réciproquement dans les formations d’UB (master ABP : Anthropologie Biologique, Préhistoire).
- Cette nouvelle dynamique devra être soutenue dans les prochaines années, en renforçant encore les collaborations en termes de formation diplômante.
- Nous souhaitons également favoriser l’internationalisation des formations en sciences archéologiques, en développant et rationnalisant les accords Erasmus + déjà existants (une dizaine, principalement avec des universités au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie) et en profitant des réseaux internationaux des chercheurs et enseignants-chercheurs en sciences archéologiques du pôle bordelais, y compris hors Europe.
- Enfin les nombreuses sollicitations en formation professionnelle pourront être encore mieux satisfaites qu’aujourd’hui, par exemple en adossant un DU construit à partir d’enseignements appartenant aux trois parcours de la nouvelle mention de master. Les connexions avec le monde professionnel seront ainsi fortement renforcées au cours du prochain quinquennal.
Malgré des parcours jusqu’ici peu lisibles entre licence et master, les étudiants formés dans les masters Pro et Recherche relevant des disciplines archéologiques ou archéométriques ont de bonnes perspectives professionnelles. L’essentiel de ces débouchés concerne les opérateurs d’archéologie préventive, INRAP ou opérateurs privés, les services archéologiques des collectivités territoriales (Bx-Métropole, Conseils Généraux…), mais aussi les laboratoires d’analyses en sciences archéologiques, laboratoires d’authentification et expertise opérant dans le champ du marché de l’art, structures publiques et privées de médiation du patrimoine archéologique (musées, centres d’interprétations, …). Par ailleurs, la mention de doctorat « Sciences Archéologiques », avec 18 inscrits, témoigne de l’attractivité de l’UBM dans la formation à la recherche dans ces disciplines.
C’est donc l’ensemble de l’offre de formation, de la licence au doctorat, qui sera désormais unique dans le paysage des formations nationales. Celle-ci s’appuie en outre sur le vaste éventail des opérations de terrain dirigées par les EC de l’UBM, qui permettent d’articuler formation théorique et formation pratique.
On le voit, le travail déjà accompli a amené à une vaste reconfiguration de la place des Sciences Archéologiques à l’UBM. Ces acquis doivent maintenant être consolidés, et les opportunités qu’ils créent exploitées. Notre projet doit amener le pôle d’UBM en Sciences Archéologiques à occuper une position de référence à l’échelle européenne, correspondant à son importance réelle, ceci dans l’intérêt plus large de l’institution toute entière.
L’archéologie tout au long de la vie : la formation continue et la promotion du patrimoine archéologique régional
La formation tout au long de la vie devra également être renforcée en profitant des opportunités offertes par la cohérence de la nouvelle offre de formation.
- Dans les dernières années, quelques professionnels ont été accueillis, ponctuellement, en formation continue. Il s’agira de renforcer cet aspect car nous observons une réelle demande de formation du monde professionnel. (Enseignants-Chercheurs d’UBM sollicités pour des séances de formation ponctuelles des médiateurs ou guide-conférenciers des collectivités territoriales ou du Centre des Monuments Nationaux, par exemple).
- La richesse archéologique et patrimoniale locale nous oblige à repenser le rôle socio-économique de nos formations, en étoffant l’offre offerte en formation initiale comme en continue.
Renforcement de la notoriété de l’UBM, auprès du public comme des partenaires institutionnels :
-La fonction de l’Archéopôle comme outil de transmission des savoirs doit être encore amplifiée, en augmentant son attractivité auprès du grand public, en s’appuyant sur les cellules de valorisation dont le Labex a favorisé l’émergence, et à la pérennisation desquelles l’UBM doit participer.
-Au-delà, le pôle bordelais doit s’imposer comme un interlocuteur de référence pour les médias intervenant dans le domaine de la communication scientifique.
-La dimension internationale de la formation en Sciences Archéologiques doit encore être renforcée, notamment en réfléchissant sur l’ouverture des formations locales (enseignements en langue anglaise, etc.). La mise en place d’un ERASMUS Mundus autour des Sciences Archéologiques, valorisant les spécificités de l’UBM dans ce domaine (notamment celles relevées dans les rapports de l’HCERES : archéométrie, archéologie des techniques) participera de ce processus.
-Les contacts avec des partenaires institutionnels a priori plus éloignés de nos préoccupations doivent être renforcés, dans le but de créer des dynamiques originales et propres au pôle bordelais. De ce point de vue, les contacts pris avec la Police Technique et Scientifique peuvent servir d’exemple : ils amènent à une réflexion disciplinaire novatrice et ouvrent aux étudiants comme aux personnels impliqués de nouvelles perspectives. Ces liens doivent être structurés au travers de conventions.
-Les collaborations avec l’UB, dans les domaines de la formation et de la recherche, doivent être renforcées.
L’archéologie et sa place institutionnelle
L’archéologie, à Bordeaux plus qu’ailleurs, hérite d’une histoire institutionnelle complexe, amenant à la répartition des personnels investis dans ses disciplines sur deux universités.
-La réflexion entamée ces dernières années sur la place institutionnelle de l’archéologie doit être prolongée dans une optique dynamique visant à assurer que son impact soit aussi bénéfique que possible pour toute l’institution UBM.
-Le projet de la Maison des Sciences Archéologiques doit être relancé, afin de donner corps aux synergies évoquées plus haut.
On le voit, notre projet pour les Sciences Archéologiques vise à renforcer le rôle structurant de l’UBM, aux échelles locales, nationales et internationales, dans ce domaine où notre université excelle. Il vise à conférer à notre institution un rôle moteur non seulement dans la recherche et l’enseignement en archéologie, mais au-delà dans le positionnement de l’archéologie aux niveaux institutionnel et sociétal. Ce projet, ambitieux, innovant, vise à servir toute l’institution, qui bénéficiera de son impact.