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Pour une stratégie francophone à l’Université Bordeaux Montaigne

Contribuons avec Culture Montaigne

Ville d’accueil des élites intellectuelles francophiles au XVIIIe et XIXe siècles, porte de l’Afrique tout au long des XIXe et XXe siècles, jumelle de Québec aujourd’hui… Bordeaux s’est inscrite au cœur de réseaux francophones très variés que la Région Aquitaine a prolongés. Notre université a, historiquement, assumé cette tradition d’une francophonie plurielle (politique, académique et culturelle, industrielle et économique…), héritage qu’enrichit un renouveau francophone dont le projet politique a considérablement changé et qui représente à l’horizon 2050 un potentiel de 700 millions d’individus. L’université Bordeaux Montaigne ne peut rester à l’écart de ce renouvellement francophone auquel d’autres métropoles universitaires françaises, participent très activement. D’une part, en ce qu’elle nourrit depuis longtemps une forte tradition autour des études littéraires et géographiques francophones. D’autre part, parce qu’elle entretient, historiquement, des relations privilégiées avec toute une série d’homologues francophones ou francophiles, en Afrique, au Canada, en Asie du sud-est, mais aussi en Turquie, en Europe de l’est ainsi qu’en Amérique du Sud. Sans oublier le rôle que jouent, dans cette tradition interculturelle, les langues régionales et la position géographique transfrontalière. Parce que, enfin, ces relations forment le substrat d’un réseau porteur de valeurs, de savoir-faire et de savoir-être où étudiants, chercheurs et enseignants, mais aussi forces vives du monde économique peuvent circuler et imaginer de nouvelles formes de coopération et d’échange.

Démarche proposée

La première étape, en interne, pourrait consister à faire un état des lieux de notre « potentiel » francophone » en recensant

  • les enseignants-chercheurs, doctorants, membres associés sur le champ de la francophonie (littérature, didactique du FLE, SHS…) ;
  • les partenariats – plus ou moins institutionnalisés – qui nous lient à des universités étrangères ;
  • les projets de recherche en cours (ou récents) autour d’objets francophones.
    Ce recensement pourra être approfondi en comptabilisant les projets des enseignants-chercheurs rattachés à d’autres laboratoires de l’UBM mais aussi d’ailleurs ;
  • le nombre d’étudiants étrangers francophones actuellement en suivi d’étude à UBM.

Notre stratégie francophone se structurera autour de trois pôles : le renforcement de notre politique de formation au Français Langue étrangère en nous appuyant sur la future cité des langues et de la francophonie, la redynamisation des recherches dans le champ des francophonies dans notre université (littérature, Histoire, géographie, sciences du langage  didactique du FLE) et le développement du volet francophone de notre politique culturelle.

  • FRANCOPHONIE et FORMATION

Nous voulons renforcer les actions pour le développement de la langue française et en faveur de la reconnaissance de tous les modes d’expression francophones. Pour cela, il est important d’intensifier notre action notamment par la future extension du DEFLE en centre des langues étrangères et de la francophonie. Cela permettra de poursuivre le développement et la diversification de l’offre de formation du français en mettant davantage l’accent sur la place du français dans la promotion du multilinguisme. Le français non plus comme langue unique, mais comme facteur d’ouverture à l’international. 

Nous proposons  les actions suivantes:

  • FORMATION CONTINUE ET FORMATION DE FORMATEURS

Dans le domaine de la formation des formateurs, la francophonie se situe comme une approche orientée vers les dimensions culturelles (dans un sens large : historiques, artistiques, sociales et économiques de l’espace francophone) et plurilingues (prise en compte des différentes situations de contact de langues dans lesquelles le français endosse souvent le rôle de langue passerelle). Il s’agit de mettre l’accent sur la variation – quelle qu’elle soit – pour diversifier des approches didactiques encore relativement centrées sur la France, pour élaborer des outils appropriés répondant à/reflétant cette complexité, et, enfin, pour mener une réflexion sur le sens à donner à la francophonie et au rôle du français dans un espace de plus en plus pluriel et multilingue caractérisé par une forte mobilité. En résumé, former les futurs enseignants de langue aux dimensions plurielles de la Francophonie signifie former au plurilinguisme et à l’interculturel, donc à une éducation aux langues/aux cultures et ce, en cohérence avec les politiques linguistiques et éducatives européennes. Cette formation ne touche d’ailleurs pas uniquement les métiers des langues, mais toutes les professions et les formations présentes dans notre université.

  • FRANCOPHONIE et RECHERCHE

L’Université Bordeaux Montaigne dispose de tous les atouts pour constituer un pôle de référence dans le domaine des études francophones. La francophonie constitue en effet un objet de recherche en soi permettant de fédérer d’initier une réflexion transdisciplinaire au sein de notre université, transdisciplinarité qui permettra à chaque discipline représentée de l’aborder par une entrée disciplinaire propre (langues, sciences du langage, lettres, histoire, géographie, communication, arts, philosophie, etc.). Ce projet a pour ambition de favoriser également la mise en réseau d’équipes de recherche interdisciplinaires, voire interuniversitaires ainsi qu’une ouverture et une visibilité affirmées à l’international.

  • FRANCOPHONIE ET ACTIONS CULTURELLES

Cette spécialité francophone doit parallèlement irriguer notre politique culturelle à la fois en terme d’offre proposée à la communauté universitaire et en terme de vivier créatif.

Sur le plan de la programmation d’événements, il s’agira, entre autres mesures, de créer un partenariat pérenne avec les acteurs culturels régionaux dont la programmation s’ouvre aux artistes et œuvres francophones (Festivals des francophonies de Limoges, Lettres du Monde, MC2A…) afin d’accueillir plus régulièrement des artistes sur le campus. Nous souhaitons également organiser, en s’appuyant sur la contribution des étudiants étrangers présents sur notre site, un temps fort artistique et gastronomique autour des cultures francophones au moment de la semaine de la francophonie. Nous pourrions en outre étudier la faisabilité d’un événementiel francophone métropolitaine en partenariat avec le TNBA.

Mais il convient que notre université soit un creuset de créativité. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons mettre sur pied, en lien avec l’Alliance française et le Conseil régional, une chaire d’études francophones dont notre université assurera le pilotage à l’échelle du site bordelais. Serait parallèlement systématisé le principe d’une résidence ou d’une invitation annuelle lancée à un artiste francophone (ateliers, conférences grand public…) en privilégiant la candidature de créateurs – artistes, penseurs, journalistes… – dont la liberté d’expression est menacée. Dans cet esprit, nous pourrions lancer ou relayer, dans le sillage du prix Sony Labou-Tansi, un prix universitaire de littérature francophone. À l’échelle de la grande Région, ces projets et partenariats s’enrichiront d’une relation privilégiée avec l’université de Limoges. De même, des partenariats avec des organismes tels que l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) s’instaureront notamment dans le cadre d’une offre de formation aux politiques culturelles pilotée par le Centre d’innovation sociétale UBIC.